Prolongement d'un cours, ce
blog de théologie fondamentale est ouvert
à tous les chercheurs de vérité, autour de questions telles que :
Comment envisager raisonnablement une possible relation entre Dieu et l'homme?
Quel crédit et quelle autorité accorder à la Parole de Dieu contenue dans la Bible?
Qu'est ce que cela implique de la recevoir comme Parole de Dieu,
pour soi et pour le rapport aux autres - particulièrement les autres religions?


"Envoie ta lumière et ta vérité,
Qu'elles guident mes pas, Seigneur"

jeudi 8 novembre 2007

Allô l'homme?... Ici Dieu! (I)

Commençons par une petite anecdote… Une petite fille se préparant à la première communion, à qui on demandait si elle était heureuse de recevoir Jésus, et si elle était d’accord pour l’accueillir, et l’écouter, réplique : « Jésus, il est mort ! » Ce à quoi elle s’entend évidemment répondre que bien sur, c’était vrai, mais que tout de même, il était ressuscité, hein ? Sans se démonter, elle reprend, avec cet air mais-vous-n’y-comprenez-donc-rien! : « Bien sur, il est ressuscité. Mais depuis… plus de nouvelles !! »
Dieu parle à l’homme.
Voilà l’évènement le plus extraordinaire, le plus incroyable de toute l’histoire de l’humanité, qui a le pouvoir de la transformer totalement. Par cette parole, il se fait connaître et invite l’homme à une vie nouvelle, à une relation vivante avec Lui ; et qui dit relation vivante dit aussi une Parole qui n’appartient pas seulement au passé, mais qui s’adresse encore à l’homme aujourd’hui ! Toute la foi chrétienne vient de là, en réponse à cette initiative de Dieu ; elle est suspendue à cette Parole. Mais un tel poids sur une Parole, fût-ce celle de Dieu, est-ce bien raisonnable ? Que sait-on de cette Parole – est-elle fiable ? A quoi savons nous que Dieu parle ? D’autant plus que cette Parole nous apparaît parfois bien humaine… Car toute la difficulté de croire vient souvent de ce que nous avons bien du mal à découvrir, à discerner cette Parole de Dieu dans notre expérience et notre vie.
D’où naît donc cette certitude que Dieu s’adresse à l’homme ?
Pour un lecteur habitué de la Bible, le fait pourrait sembler presque banal : tout au long de ses pages se déroule ce dialogue pourtant étonnant où Dieu appelle, sollicite, promet, réprimande, bénit… Adam et Eve, Abraham, Moïse (du buisson ardent au don de la Loi au Sinaï), les prophètes, et les autres : pour tous ceux là, comme la Parole de Dieu semble résonner clairement ! A la manière d’une relation directe, elle fait comme partie intégrante de leur monde, nous laissant mi-envieux mi-perplexes devant un tel privilège que nous ne partageons pas… du moins si on en reste à cette lecture un peu trop littérale des choses ! Car ce serait oublier – et la Bible ne cesse de le rappeler ! – que la relation à Dieu est de l’ordre de l’indicible, et que cette expérience se dit toujours à travers des mots humains, à l’intérieur d’une histoire humaine.
En réalité, cette réflexion sur la Parole de Dieu nous conduit à
distinguer deux niveaux qui traduisent de manière différente l’unique expérience d’une relation vivante à Dieu :
  • D’une part, la mise en récit de cette expérience, c'est-à-dire la manière dont elle est racontée. Cela nous conduira à réfléchir à la signification de ce qui apparaît dans le récit comme un Dieu qui dialogue directement avec l’homme.
  • D’autre part, le statut de ce récit, qui tire son autorité du fait qu’il se présente lui-même comme la Parole de Dieu. En d’autres termes : si nous croyons ce que dit le récit (Dieu parle à l’homme), c’est parce ce récit se dit lui même Parole de Dieu. Ce point nous amènera à réfléchir sur la manière dont une Parole peut se donner dans un récit.
On voit bien que ces deux niveaux ne donnent pas un accès direct à l’expérience de la relation à Dieu : bien plutôt, ils y renvoient en jouant l’un sur l’autre comme par un jeu de miroirs. Ils sont comme deux traductions qui s’appellent l’une l’autre de cet événement intime qui ne peut rester enfermé dans l’ordre de la pure connaissance et du texte. Ils ne peuvent rien prouver, ni imposer : ils invitent simplement le lecteur à entrer dans ce jeu, afin qu’il puisse lui aussi faire cette expérience. On peut y reconnaître toute la délicatesse de Dieu, qui lorsqu’il s’adresse à l’homme se soumet toujours à sa liberté…
Je fais d'ailleurs la même expérience - comme chaque croyant, je pense? - quand il s'agit de faire partager cette relation vivante qui m'habite, de transmettre cette foi qui m'anime : je peux en parler, je peux agir de manière à ce que ma parole soit crédible, mais je ne peux donner la foi, car cette relation est pleinement personnelle et je ne peux m'y engager à la place de l'autre. Je ne peux que l'inviter à m'accompagner dans ce jeu entre les mots et les actes, ma parole et mon histoire, ce jeu où je découvre la présence et l'action de Dieu...
Pour aller plus loin, nous approfondirons dans les prochains articles chaque niveau pour lui même:

  1. Que veut dire le récit biblique lorsqu’il nous présente Dieu parlant à l’homme ?
  2. D’ou vient que le texte biblique soit Parole de Dieu ?

1 commentaire:

Stéphane François a dit…

J'attends la suite avec impatience. Tout cela me met l'eau à la bouche...