Prolongement d'un cours, ce
blog de théologie fondamentale est ouvert
à tous les chercheurs de vérité, autour de questions telles que :
Comment envisager raisonnablement une possible relation entre Dieu et l'homme?
Quel crédit et quelle autorité accorder à la Parole de Dieu contenue dans la Bible?
Qu'est ce que cela implique de la recevoir comme Parole de Dieu,
pour soi et pour le rapport aux autres - particulièrement les autres religions?


"Envoie ta lumière et ta vérité,
Qu'elles guident mes pas, Seigneur"

vendredi 14 décembre 2007

Hors de l’Eglise, point de salut… L’Eglise a-t-elle le monopole ?

La Parole de Dieu affirme que « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Elle nous dit en même temps, dans les Actes des Apôtres : « Ce Jésus, que vous aviez rejeté, est devenu la pierre d’angle. En dehors de lui, il n’y a pas de salut ; et son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver » (4, 12). Si l’Eglise est bien le groupe de ceux qui adhèrent au Christ, le pas est vite franchi : l’Eglise rassemble, telle l’arche de Noé, les sauvés ; tous ceux qui sont en dehors sont perdus...
Cependant, que penser de tous les hommes qui n’ont pas eu la possibilité de reconnaître le Christ, ni d’adhérer à l’Eglise, sans refus de leur part, simplement parce qu’ils ont vécu avant sa naissance, ou par ignorance… ? Fidèle au dessein de Dieu qui veut sauver tous les hommes, l’Eglise reconnaît pour tout homme la possibilité « d’être associé, d’une manière que Dieu connaît, au mystère pascal du Christ » (concile Vatican II).
Le Christ reste le seul chemin vers le salut, mais ce chemin ne passe pas nécessairement dans les limites visibles de l’Eglise. Bien : voilà déjà un point !
Mais…cela implique-t-il alors une Eglise « invisible » qui engloberait tous ceux qui suivent le Christ, sans le connaître explicitement, mais en répondant fidèlement à l’appel inscrit dans chaque cœur humain sous la forme de sa conscience ? On pourrait se demander s’il n’y a pas une certaine « récupération » à incorporer ainsi à l’Eglise, sans leur demander leur avis, les croyants d’autres religions…
La question est, au fond, de savoir si les autres religions sont des voies qui peuvent conduire au salut, c’est à dire au Christ, ou si les croyants d’autres religions ne sont sauvés qu’en étant associés, à titre personnel et même inconsciemment, à cette large Eglise des « hommes de bonne volonté » ? Les autres religions sont elles des
réponses « faute de mieux » à la quête des hommes, qui de manière cachée peut cependant rejoindre le Christ, ou bien ont-elle une vraie valeur pour conduire l’homme vers son accomplissement ?
Cela pose bien des questions concernant le lien entre le Christ et l’Eglise : même si ce sont deux réalités indissociables, il faut réaffirmer que le
salut est donné uniquement par le Christ, en tant que source ; il est donné par l’Eglise en tant que moyen, car elle rend en quelque sorte présent le Christ dans le monde.
Cela nous renvoie aussi à ce qu’on entend par « salut » : il y a en effet dans ce terme le double aspect « d’union à Dieu » et « d’unité de tout le genre humain ». Le salut consiste ainsi dans une communion avec d’autres ; dès lors, on comprend bien qu’au terme (c’est à dire pas dans ce monde ci…), tous les hommes seront rassemblés par leur union au Christ dans un seul corps… et peut être que cela n’aura plus beaucoup d’importance qu’on appelle ce corps « Eglise » ou non ?!

dimanche 9 décembre 2007

Religions : on ne peut pas se contenter de coexister!!

Il y a quelques jours, lors d’une petite réunion de prière dans un quartier où devait avoir lieu le lendemain une rencontre entre musulmans et chrétiens… « Prions pour que ça se passe bien ! » dit l’une des personnes (de manière un peu inquiète il est vrai) ; de manière assez surprenante, se fait aussitôt entendre une vive réaction : « Mais il n’y a pas besoin de prier pour ça, c’est évident que cela va bien se passer ! De toute façon, on a le même Dieu, nos religions se valent ! »
Je ne sais pas ce qu’avait à l’esprit la personne quand elle demandait que « ça se passe bien », mais je trouve en tout cas la réaction très révélatrice : après tout, qu’il n’y ait pas de problème, on ne demande rien de plus ! Et puisqu’on est tous d’accord, ça devrait être possible…
Cruel manque d’ambition
: dans une rencontre, ne désire-t-on pas plus
que de ne pas se disputer ? N’y a-t-il pas le désir d’une rencontre en vérité, qui peut être enrichissante pour chacun ?
Or pour une rencontre en vérité, il faut accepter et assumer ses différences, ses désaccords : ce qui est vrai des relations interpersonnelles l’est aussi entre les religions. Ce n’est jamais
servir le dialogue que de considérer que d’éviter les sujets qui fâchent, de gommer les désaccords : car ils existent et ils demeurent qu’on le veuille ou non ! D’ailleurs, si on dit bien facilement « nous avons le même Dieu, les religions se valent », je pense pourtant qu’aucune religion ne signera cette affirmation…
Pourquoi ? Parce que les religions veulent apporter d’une part un éclairage sur la vie de l’homme, une réponse à son « angoisse existentielle », d’autre part faire connaître le monde du divin, et par là apporter une libération, un salut à l’homme. Et elles ne disent pas toutes la même chose ! Sauf à penser qu’elles le disent de manière différente mais également vraie – ce qui ôte toute valeur au
langage humain et toute portée à leurs affirmations –, on ne peut envisager des religions qui se valent que dans une « nullité » commune ! Ce que ne peut pas dire le croyant, qui est tout de même le premier intéressé dans ce dialogue
Que les religions ne se valent pas, c’est donc avant tout le constat nécessaire pour une recherche sincère de la vérité.
Or il ne s’agit pas simplement d’une vérité théorique, abstraite : il s’agit
de la vérité de la vie de l’homme, de son salut, de son bonheur ! L’enjeu n’est donc pas mince… Quiconque d’ailleurs cherche une réponse à ses questions existentielles le sentira bien, je pense ?
(au passage, on peut se demander si l’indifférence, l’athéisme, le matérialisme ne sont pas finalement des « religions anthropocentristes », en tant que ces attitudes veulent apporter, au moins de manière pratique, une réponse à ces questions existentielles… même si elles le font en fermant l’horizon du divin ou en refusant toute pertinence à ces questions)
On sent bien aujourd’hui l’importance d’un vrai dialogue entre les religions ; peut être pas d’abord parce que les religions sont source de conflits (les conflits sont rarement fondamentalement théologiques, mais plutôt culturels, sociaux, politiques…), mais parce qu’elles peuvent – du fait même de leur spécificité religieuse – être le terrain pour la construction de la paix. Il s’agit alors pour chacune de savoir comment dialoguer, sans rien renier d’elle même. Etre fidèle à ce qu’on est et s’ouvrir à l’autre…
Mais alors : comment engager un dialogue sincère quand on pense trouver la vérité dans sa propre religion ? Où trouver des terrains de dialogue ? Doit on pour affirmer la vérité de sa religion nier celle des autres ? Je vous laisse avec ces questions…