Prolongement d'un cours, ce
blog de théologie fondamentale est ouvert
à tous les chercheurs de vérité, autour de questions telles que :
Comment envisager raisonnablement une possible relation entre Dieu et l'homme?
Quel crédit et quelle autorité accorder à la Parole de Dieu contenue dans la Bible?
Qu'est ce que cela implique de la recevoir comme Parole de Dieu,
pour soi et pour le rapport aux autres - particulièrement les autres religions?


"Envoie ta lumière et ta vérité,
Qu'elles guident mes pas, Seigneur"

mardi 22 janvier 2008

La vérité germera de la terre...

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse."

Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout, si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

Jean de La Fontaine, fables.



Nous cherchons souvent la vérité comme ce trésor que les fils du laboureur espéraient trouver dans ce champ… chacun, peut être, pensant secrètement se l’approprier au dépens de l’autre !


Nous cherchons alors quelque chose que nous avons bien peu de chances de trouver.

Et si... s’il fallait apprendre à accueillir la vérité comme cette récolte, tout à la fois fruit de ce travail de recherche et en même temps si différente de ce qui était cherché ?

Une vérité en partage à tous ceux qui travaillent ce vaste champ…

mercredi 9 janvier 2008

La rencontre des religions, une affaire d'illuminés... (A la suite des rois mages)

En ces temps où nous nous gavons de frangipane en espérant (ou pas) y découvrir ce petit objet qui a le précieux pouvoir de faire de vous une reine ou un roi… rappelons nous un instant de ces rois-mages qui, à leur manière, ont aussi fait une découverte étonnante en trouvant un jour ce petit enfant, couché dans une mangeoire, au milieu de cette grande galette qu’était le monde (eh oui, à cette époque la terre était plate !) – si vous voulez bien me suivre dans cette interprétation quelque peu allégorique…

En cette fête de l’épiphanie, les chrétiens célèbrent la manifestation universelle du Christ, la lumière du salut révélée à toutes les nations, représentées par ces mages aux origines lointaines. Venus d’Orient à la recherche d’un roi, arrivés devant cette habitation sommaire, ils éprouvèrent une « grande joie » à la vue de ce simple petit enfant et de sa mère et ils adorèrent celui en qui ils avaient reconnu… mais qui peut le dire, précisément ? Ils ont perçu – comme nous, peut être – « quelque chose » du mystère inouï que nous révèle l’Evangile : cet enfant, c’est Dieu « en personne humaine » qui vient à la rencontre de l’homme !
Cette irruption dans l’histoire humaine de Dieu lui même qui se fait l’un de nous constitue la pointe de la spécificité chrétienne : c’est ce qu’on désigne par « mystère de l’Incarnation ». Mille vies ne suffiraient pas pour méditer et comprendre ce mystère (heureusement, nous n’en avons qu’une), mais il nous permet en tout cas réfléchir au sujet de la rencontre des religions!
En effet, le chrétien n’apparaît pas dans cette optique détenteur d’un « message pour le monde » de la part de Dieu, de règles de conduite pour bien faire, ou encore d’une vérité bien ficelée sur tel ou tel sujet ; le Christ n’est pas une doctrine ou une « marque déposée » qu’il aurait à défendre. Le chrétien est avant tout le témoin de cette venue de Dieu qui nous rencontre et se donne à nous.
La Révélation de la Vérité vivante, éternelle, absolue, universelle, dans une existence humaine, marquée par les limites de l’espace et du temps, la fragilité et l’opacité du corps, l’ambiguïté du langage humain implique aussi que nous connaissons toujours la Vérité d’une manière voilée. Elle n’a pas l’évidence des choses toutes faites, d’un « prêt à l’emploi » ; elle est à toujours découvrir au travers d’une manifestation humaine, comme ce fut le cas pour les mages.
De ce fait, nul ne peut mettre la main sur la Vérité : elle est une lumière qui nous parvient, voilée, qu’on peut reconnaître, dont on peut témoigner, mais dont la source reste toujours au delà.
L’Eglise (et c’est la spécificité du christianisme) reconnaît dans le Christ la plénitude de la Vérité, sans pour autant connaître pleinement cette vérité : elle peut en dire quelque chose qui n’épuisera jamais le mystère du Christ, mais elle peut toujours en désigner la source avec certitude. Du fait qu’elle connaît la source de cette lumière de la Vérité, elle peut alors re-connaître et témoigner de cette lumière de la Vérité telle qu’elle se manifeste dans la démarche des autres religions… et peut être est-ce là la mission spécifique de l’Eglise dans ce champ inter-religieux ?
Cette reconnaissance est d’abord accueil, avec gratitude, de cette lumière,
où elle perçoit un écho de cet évènement unique et définitif de la Révélation totale en Jésus Christ ; écho toujours nouveau, propre à chaque époque, culture, religion (car la manifestation historique de la vérité, à l’image de l’Incarnation, garde toujours quelque chose d’irréductible) qui enrichit notre perception du mystère du Christ.
Cette reconnaissance est ensuite « service de la Vérité »
: à la lumière de notre tradition et de notre expérience religieuse, le discernement d’éléments de vérité dans d’autres traditions religieuses pourra leur permettre de développer ce qu’elles ont en propre de bon et de vrai.
C’est dans ce dialogue, où l’autre est reconnu pour ce qu’il est en lui même (et non pour ce qu’il a de semblable), et où il bénéficie en même temps d’un regard extérieur qui objective ce qu’il a de bon, que pourra alors croître la manifestation plénière de la Vérité que nous espérons !