dimanche 9 décembre 2007
Religions : on ne peut pas se contenter de coexister!!
Il y a quelques jours, lors d’une petite réunion de prière dans un quartier où devait avoir lieu le lendemain une rencontre entre musulmans et chrétiens… « Prions pour que ça se passe bien ! » dit l’une des personnes (de manière un peu inquiète il est vrai) ; de manière assez surprenante, se fait aussitôt entendre une vive réaction : « Mais il n’y a pas besoin de prier pour ça, c’est évident que cela va bien se passer ! De toute façon, on a le même Dieu, nos religions se valent ! »Je ne sais pas ce qu’avait à l’esprit la personne quand elle demandait que « ça se passe bien », mais je trouve en tout cas la réaction très révélatrice : après tout, qu’il n’y ait pas de problème, on ne demande rien de plus ! Et puisqu’on est tous d’accord, ça devrait être possible…Cruel manque d’ambition : dans une rencontre, ne désire-t-on pas plus que de ne pas se disputer ? N’y a-t-il pas le désir d’une rencontre en vérité, qui peut être enrichissante pour chacun ?Or pour une rencontre en vérité, il faut accepter et assumer ses différences, ses désaccords : ce qui est vrai des relations interpersonnelles l’est aussi entre les religions. Ce n’est jamais servir le dialogue que de considérer que d’éviter les sujets qui fâchent, de gommer les désaccords : car ils existent et ils demeurent qu’on le veuille ou non ! D’ailleurs, si on dit bien facilement « nous avons le même Dieu, les religions se valent », je pense pourtant qu’aucune religion ne signera cette affirmation…Pourquoi ? Parce que les religions veulent apporter d’une part un éclairage sur la vie de l’homme, une réponse à son « angoisse existentielle », d’autre part faire connaître le monde du divin, et par là apporter une libération, un salut à l’homme. Et elles ne disent pas toutes la même chose ! Sauf à penser qu’elles le disent de manière différente mais également vraie – ce qui ôte toute valeur au langage humain et toute portée à leurs affirmations –, on ne peut envisager des religions qui se valent que dans une « nullité » commune ! Ce que ne peut pas dire le croyant, qui est tout de même le premier intéressé dans ce dialogue… Que les religions ne se valent pas, c’est donc avant tout le constat nécessaire pour une recherche sincère de la vérité. Or il ne s’agit pas simplement d’une vérité théorique, abstraite : il s’agit de la vérité de la vie de l’homme, de son salut, de son bonheur ! L’enjeu n’est donc pas mince… Quiconque d’ailleurs cherche une réponse à ses questions existentielles le sentira bien, je pense ? (au passage, on peut se demander si l’indifférence, l’athéisme, le matérialisme ne sont pas finalement des « religions anthropocentristes », en tant que ces attitudes veulent apporter, au moins de manière pratique, une réponse à ces questions existentielles… même si elles le font en fermant l’horizon du divin ou en refusant toute pertinence à ces questions) On sent bien aujourd’hui l’importance d’un vrai dialogue entre les religions ; peut être pas d’abord parce que les religions sont source de conflits (les conflits sont rarement fondamentalement théologiques, mais plutôt culturels, sociaux, politiques…), mais parce qu’elles peuvent – du fait même de leur spécificité religieuse – être le terrain pour la construction de la paix. Il s’agit alors pour chacune de savoir comment dialoguer, sans rien renier d’elle même. Etre fidèle à ce qu’on est et s’ouvrir à l’autre… Mais alors : comment engager un dialogue sincère quand on pense trouver la vérité dans sa propre religion ? Où trouver des terrains de dialogue ? Doit on pour affirmer la vérité de sa religion nier celle des autres ? Je vous laisse avec ces questions…
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